Le burnout n’est pas une simple fatigue : c’est une détresse psychique liée au travail, qui progresse au Maroc comme ailleurs.
Comprendre le burnout
Le burnout est un syndrome d’épuisement professionnel reconnu par l’OMS comme phénomène lié au travail. Il touche trois dimensions :
- Épuisement émotionnel
- Dépersonnalisation (distance ou cynisme vis-à-vis du travail)
- Baisse de l’accomplissement personnel
Il résulte d’un stress chronique, souvent dû à une charge excessive, un environnement toxique ou des attentes irréalistes.
Quelques chiffres
- En Europe, 50 à 60 %des arrêts de travail sont liés au stress professionnel.
- Le burnout coûte 3 à 4 % du PIBdes pays industrialisés.
- Au Maroc, 43 % des femmesdéclarent une forte fatigue liée à la double charge travail-famille.
Signes et conséquences
Les symptômes rapportés incluent : troubles du sommeil, anxiété, douleurs physiques, perte de motivation et de sens, isolement, culpabilité. Le travail, censé donner estime de soi et sécurité, devient source de mal-être.
Que faire ?
Reconnaître les signaux (fatigue persistante, irritabilité, perte de sens, culpabilité), en parler et demander de l’aide est essentiel. Les managers doivent aussi être formés pour prévenir, écouter et soutenir. L’accompagnement par un professionnel de santé mentale aide à retrouver progressivement un équilibre.
Paroles du terrain : 6 histoires vraies
Laila — L’épuisement derrière le masque de la réussite
Ingénieure et cadre, Laila voulait exceller partout : au travail, à la maison, dans le regard des autres. Mais l’auto-exigence et les mails à minuit l’ont isolée. Son couple a vacillé, ses filles l’ont vue s’éloigner. Avec une psychologue, elle a appris à dire non, à déléguer, à respirer. Aujourd’hui, elle avance pas à pas vers le mieux-être.
Sami — Le chef de projet qui s’est effondré
Sami, 39 ans, ingénieur dans une banque, croulait sous plusieurs projets sans soutien. Fatigue chronique, troubles alimentaires et insomnies l’ont mené à l’épuisement. Après un congé et un suivi, il a appris à poser des limites, même si le chemin n’est pas encore terminé .
Dina — La jeune ingénieure humiliée
À 30 ans, Dina a subi une cheffe autoritaire et brutale. Chaque appel lui provoquait une panique paralysante. Soutenue par personne, elle a fini par démissionner sans préavis, perdant ses droits. Sa psychologue l’a aidée à se reconstruire et à se réorienter.
Imane — Le burn-out silencieux derrière l’écran
Employée de banque, Imane travaillait dans l’ombre, sans reconnaissance ni perspectives. Monotonie, douleurs cervicales, arrêts maladie répétés ont mené à des sanctions et à l’isolement. Un suivi psychologique et une mobilité interne lui ont permis de se relancer, malgré une amertume encore présente.
Manal — Quand la réussite devient un piège
RH dans une multinationale, Manal cumulait responsabilités, voyages et performance. Mais troubles physiques, isolement et effondrement conjugal l’ont menée à tout quitter. Elle a retrouvé du travail ailleurs et continue de reconstruire son équilibre : « On ne guérit jamais d’un burnout, on apprend à vivre avec. »
Aya — La perfectionniste qui a chuté
Directrice financière et jeune maman, Aya travaillait sans relâche, au prix d’insomnies, migraines et anémie. Rongée par la culpabilité, poussée à reprendre trop vite après son accouchement, elle s’est effondrée. Soutenue par sa famille et une thérapie, elle a quitté son entreprise pour devenir freelance. Aujourd’hui, elle apprend à déléguer et à respirer.
Conclusion
Le burnout est un fléau silencieux qui détruit vies personnelles et professionnelles. Mais les témoignages montrent aussi qu’une reconstruction est possible grâce à l’aide psychologique, à la capacité de poser des limites et, parfois, à des choix de réorientation. La prévention, tant individuelle qu’organisationnelle, reste essentielle pour éviter que le travail n’épuise l’humain.